La Cité du Lion fut informée, en 1909, que le dirigeable "Liberté" serait destinéà la Place de Belfort, il rejoindrait le "République".
La presse locale donna l'information à ses lecteurs.
Article du journal la Frontière (coll. AD90)
Mais en réalité, cet aérostat ne vint pas comme initialement prévu !
Pour quelle raison le dirigeable prit la liberté de ne pas rejoindre la Cité du Lion ?
Certainement une décision du commandement militaire !
Cet article va lever le voile…
Le dirigeable "Liberté"
Ce dirigeable, acquis par l'Armée, fut construit à Moisson, par la sociétéLebaudy Frères, sous la direction de l'ingénieur Henri Julliot; du type semi-rigide, il possédait comme autres caractéristiques, une longueur de 65 mètres, un diamètre de 12,5 mètres, une enveloppe de 4200 mètres cubes et un moteur Panhard-Levassor de 120 chevaux.
Dirigeable Liberté (photo L'Aérophile, coll. Gallica BNF)
Eléments constitutifs du dirigeable :
A : Armature de la plateforme
B : Poutre de queue de section cruciale
C : Coupe-vent
E : Enveloppe
D : Équilibreur ou gouvernail biplans d'altitude
G : Gouvernail de direction
M : Moteur
R : Réservoir d'essence dans la quille pyramidale de nacelle
La première sortie du dirigeable se déroula le 27 août 1909 sous la conduite de Georges Juchmès, avec à son bord, l'ingénieur Henri Julliot, le capitaine Elevé de l'Établissement militaire de Chalais-Meudon et quatre mécaniciens.
Carte postale Dirigeable "Liberté" (coll. privée)
Il était 18 heures, quand l'aérostat prit de l'altitude pour se stabiliser à environ 150 mètres et effectua un vol au-dessus de la région pendant deux heures avant de revenir à son port d'attache. Cet essai répondit totalement aux attentes, démontrant une belle stabilité tout en apportant une belle maniabilité.
Vu les résultats probants du vol, les constructeurs décidèrent de passer de suite à la campagne d'essais de réception officiels.
Le lendemain, il fit un vol de présentation où avaient pris place le prince Murat, les épouses des constructeurs Pierre et Paul Lebaudy, cinq hommes d'équipage toujours avec le même pilote, Georges Juchmès.
Carte postale Dirigeable "Liberté" (coll. privée)
Le 1er septembre 1909 débuta le programme de réception du dirigeable où plusieurs ascensions successives furent réalisées.
Les essais se poursuivirent, dont le 19, avec un vol de vitesse entre Vernon et Mantes où il tint une moyenne de 45 kilomètres/heure. Le lendemain, le moteur Panhard subit un essai d'endurance, en point fixe, pendant 10 heures, les hélices entrainées. Là aussi, le résultat fut conforme à l'attendu.
Carte postale Dirigeable "Liberté" (coll. privée)
L'accident du "République", le 25 septembre 1909, va bloquer la réception finale du dirigeable par l'armée qui veut qu'il soit sécurisé.
Courant octobre, il fut réalisé quelques premières modifications dont le remplacement des anciens propulseurs par des hélices en bois et un prolongement de la plateforme avec la pose de pare-éclats en treillis à la hauteur des hélices pour protéger son enveloppe en cas de bris de celles-ci.
Malgré ces modifications apportées, les autorités militaires étaient toujours en pourparlers avec le constructeur Lebaudy sur une nouvelle conception de la motorisation où la nacelle serait agrandie pour recevoir deux moteurs au lieu d'un actuellement. Elle permettrait en cas de panne, d'avoir une solution de repli.
Il fut aussi demandé d'augmenter le volume de son enveloppe pour la passer à 5500 mètres cubes pour le transformer en croiseur.
Carte postale Dirigeable "Liberté", la nacelle (coll. privée)
Mais en début d'année 1910, les modifications demandées par les autorités militaires n'étaient toutes pas engagées par la société Lebaudy. Seules l'agrandissement était en cours. Le directeur du génie au ministère de la guerre, le général Pierre Rocques se rendit le 27 février pour s'assurer de l'avancement des modifications.
En juin 1910, il fut décidé d'utiliser le dirigeable en ballon-école pour former les aérostiers militaires du côté de Versailles.
Dans le cadre de cette nouvelle activité, il participa aux Grandes manœuvres de Picardie, du 12 au 18 septembre 1910.
Carte postale Dirigeable "Liberté" en Picardie (coll. privée)
Après cette dernière mission, je n'ai pas trouvé d'autres articles à son sujet. Fut-il réformé car les modifications demandées, dont le passage à deux moteurs, ne purent être effectuées ?
Le dirigeable "Liberté"à Belfort
Deux jours après la première sortie du dirigeable "Liberté", parut dans les journaux locaux L'Alsace et La Frontière du 29 août 1909, que cet aérostat serait attribuéà la Place forte de… Belfort.
Donc après le "République" attribué en 1908, la Cité du Lion se voyait ainsi attribuer un second dirigeable.
Il ne restait plus qu'à construire les hangars pour les recevoir, la commande pour livrer le premier en 1910 était en consultation avec la société de construction métallique de l'ingénieur Paul Gay, implantée à Héricourt (70).
En-tête courrier de la société Paul Gay
Cette deuxième attribution à la place de Belfort fit même l'objet de l'édition d'une carte postale du dirigeable photographié vers son hangar à Moisson !
Carte postale Dirigeable "Liberté" (coll. privée)
La légende de l'article spécifie l'information.
Extrait de la carte : la légende "… Destinéà la Place de Belfort…"
Le cliché du dirigeable fut complété par l'éditeur photographe parisien C. M. (C. Malcuit) avec l'effigie du pilote, Georges Juchmès.
Extrait de la carte postale : Le pilote Georges Juchmès
L'information donnée par la carte postale ne fut pas exaucée !
Tragédie du République
Le 25 septembre eut lieu la tragédie du "République"àTrévol (commune de l'Allier, au nord de Moulins) où périrent les quatre militaires de l'équipage.
Carte postale Les restes du dirigeable "République" (coll. privée)
L'accident fut dûà la rupture d'une pale de l'hélice. Elle était venue perforer l'enveloppe; la pression du gaz agrandit la déchirure et provoqua la chute vertigineuse de l'aérostat, d'environ 200 mètres.
NA : Un lien en fin de texte permet d'accéder à l'article sur le dirigeable "République" où est rapportée cette tragédie.
De nouveaux dirigeables pour Belfort
Cette décision fit que le dirigeable "Liberté" qui était du même constructeur, Frères Lebaudy, et de la même famille que le "République", dut subir de grosses modifications reportant ainsi significativement la livraison du dirigeable à Belfort !
Le dirigeable "Lieutenant Chauré"
La tragédie du "République" fit que les autorités militaires imposèrent aux constructeurs de revoir la conception des dirigeables pour les sécuriser.
Parmi les améliorations notables attendues, les futurs dirigeables devaient être équipés de deux moteurs au lieu d'un pour posséder une solution de repli en cas de panne et de renvoyer le système d'hélice.
Face à cette situation, les autorités militaires décidèrent d'attribuer un autre dirigeable à la Place de Belfort, ce fut le "Lieutenant Chauré" de la Société Astra de Constructions Aéronautiques.
À quelle date ? (Information non trouvée).
Carte postale Dirigeable "Lieutenant Chauré" (coll. JM)
Il fut le premier dirigeable avec deux moteurs de cette société, il fut leur dixième modèle de rang, sous l'appellation, "Astra X".
Après une période d'essais, il fut livréà Belfort le 21 août 1913.
NA : Un lien en fin de texte permet d'accéder à l'article consacré au dirigeable "Lieutenant Chauré".
Le dirigeable "Conté"
Par ailleurs, l'accident du "République" fit qu'il fut lui aussi remplacé par un dirigeable de nouvelle génération, le "Conté" construit par la même société Astra.
À quelle date cette attribution ? (Information non trouvée);
Carte postale Dirigeable "Conté" (coll. privée)
Ce dirigeable fut le douzième de rang produit par la société Astra, nommé"Astra XII".
Comme son prédécesseur, il subit un programme d'essais avant d'être livréà Belfort, le 31 octobre 1913.
NA : Un lien en fin de texte permet d'accéder à l'article consacré au dirigeable "Conté".
Épilogue
Donc le dirigeable "Liberté" ne vint pas à Belfort comme prévu initialement. Le drame du "République" avait motivé les autorités militaires de passer à une nouvelle génération de dirigeables plus sécurisée avec entre-autres deux moteurs, un renvoi des hélices, des enveloppes construites en plusieurs parties…
Il fut remplacé par le "Conté" mais qui ne vint que le 31 octobre 1913, deux mois après le "Lieutenant Chauré". Les deux hangars pour les recevoir étaient construits depuis 1910 et 1911.
JM
Lien pour accéder aux articles cités
Le dirigeable "République" affectéà Belfort : Cliquer ici
Le dirigeable " Lieutenant Chauré" affectéà Belfort : Cliquer ici
Le dirigeable "Conté" affectéà Belfort : Cliquer ici
Références textes : Les journaux L’alsace et la Frontière (coll. Archives Départementales du 90 ‘’AD90’’), Le Petit Parisien, L'Aérophile et autres journaux (Coll. Gallica),
Références Internet : Wikipédia, Divers autres Sites…
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